Tous les deux ans à peu près, j’apprends l’existence d’un auteur américain présenté comme un très grand. C’est ainsi que je ne connaissais pas James Salter jusqu’il y a quelques mois lorsqu’il a sorti son dernier roman (et qui sera effectivement son dernier puisqu’il est mort peu après).
Dans sa biographie, j’ai choisi un bonheur parfait paru en 1975, un de ses romans les plus connus maintes fois récompensés et traduit en français en 1997.
Il ne faut pas être sorti de Saint-Donatien pour deviner que le titre est une antiphrase. Ce bonheur parfait ne l’est évidemment pas. L’histoire se passe dans les années 60 ou 50, Nedra et Viri, un couple de bourgeois vivent avec leurs deux filles dans une maison de campagne non loin de New-York. Lui est architecte et elle s’occupe de la maison. Nedra est rayonnante, spirituelle, aime recevoir. Les dîners entre amis de la haute bourgeoisie cultivée composée de beaucoup d’artistes bobo se succèdent, comme les saisons que l’auteur retranscrit à merveille. Cette maison située près d’un fleuve est comme un paradis, le feu crépite dans la cheminée et la neige tombe en hiver. Le jardin produit de nombreux fruits, le chien, le poney et la tortue font le bonheur des enfants. Le tableau est parfait. C’est Martine (à l’école, embellit son jardin...) en version roman américain. Et le fait que Viri comme Nedra font dans l’adultère n’altèrent en rien ce bonheur apparent. Tout le monde les envie et l’avenir leur appartient.
Mais la quarantaine dépassée, Nedra désire retrouver sa liberté. L’auteur, s’il est très précis dans l’analyse des rapports humains est par contre peu bavard concernant la situation réelle de ce couple...mais on devine qu’elle n’était ni plus mauvaise ni meilleure qu’un autre. C’est juste que Nedra aspire à autre chose. Un matin, elle part quasiment sans bagages, les filles ont plus ou moins quitté le nid et Viri se retrouve seul, à peine désemparé.
Chacun va alors vivre sa propre vie avec des destins différents, Viri ayant été largué met du temps à reprendre pieds et Nedra, plus que jamais obsédée par le fait de vieillir cumulera les aventures avec plus ou moins de bonheur.
Ce roman est quand même assez décevant. Au trop plein de mondanités entre gens friqués, je me suis lassé de ce ronronnement familial qui dure les trois quarts du roman. On sait dès le départ quasiment ce qui va se passer mais l’auteur ne parvient pas à nous y préparer. La décision de Nedra est aussi brutale que la réaction d'un chat surpris dans son sommeil. Côté face, il y a une belle plume, voire plutôt un beau pinceau tant cette oeuvre de James Salter s’apparente plus à un tableau qu’à un roman.
lecture sur kindle, septembre 2015. parution en 1975, traduction par Lisa Rosenbaum et Anne Rabinovitch en 1997, éditions de l’Olivier, 395 pages. 3/5
Loïc LT
Je vous parlais il y a peu du syndrome James Ellroy et bien je crois que j'en suis guéri. Il m'a fallu faire preuve de beaucoup de courage et je tiens aussi à remercier mes proches qui m'ont soutenu dans ce défi insensé : lire un roman de cet auteur américain réputé pour son écriture hermétique et son système narratif déstructuré. Pourtant, j'avais déjà lu un de ses méfaits, (
Je vous présente la cause de ma longue absence de ce blog : elle s'intitule le chardonneret qui avant d'être un roman est un tableau et avant d'être un tableau un oiseau (dont j'ignorais l'existence). Passons sur l'oiseau, arrêtons-nous sur le tableau. Exposé dans un musée de New-York, il représente comme son nom l'indique un chardonneret qui se tient sur un perchoir auquel il est relié par une chaîne. Il fait 33*22cm. Assez petit donc et une des raisons pour laquelle la romancière Donna tartt (dont j'avais lu il y a 20 ans le fameux maître des illusions) l'a choisi comme fil rouge de son dernier roman dont je suis venu ici vous dire ma première et dernière impression.
Lire un roman américain, c’est revenir à l’essence même de la littérature : une histoire captivante, un plan bien ficelé et une écriture limpide sans effets de style. Telle est la littérature comme la conçoivent les écrivains américains, disais-je à un de mes contacts anglophones sur ‘un célèbre réseau social’ dont la décence m’empêche de dire le nom. Et elle me répondit alors ‘ Mais ce n'est pas vrai. Si tu lis un livre d'histoire de la littérature américaine, tu verras que les plus grands noms ont une approche expérimentale. Cette approche est en plus facilitée par une langue bien plus flexible que le Français. Que cela ne fonctionne pas pour toi, je comprends, mais il ne faut pas dire que cela n'existe pas car c'est tout simplement faux.’
Je me suis imposé la règle de rédiger un compte rendu après chaque lecture...quel qu'il soit. Alors, rédigeons celui de ce polar lu il y a un mois ou deux et dont je ne garde qu'un lointain souvenir. Le premier sentiment après l'avoir terminé était la fierté..fierté de l'avoir terminé déjà et fierté aussi de l'avoir compris..dans l'ensemble. Car lire Chandler n'est pas simple. Il y a un an ou deux, je m'étais cassé les dents au bout de quelques pages devant le grand sommeil, son bouquin le plus connu. Le style de Chandler est déroutant car il utlise un américain très familier (genre Léo Malet en France), ne s'embarrasse pas avec les explications et laisse à l'auteur le soin de démêler l'écheveau savamment constitué.
Jonathan Franzen est le "grantauteuraméricain" du moment. Télérama le dit, Arte le dit et surtout le NY Times dont il a fait la une l'affirme. Les américains sont comme ça, il leur faut tout le temps un écrivain au dessus du lot, un écrivain qui écrase tout. Mais pas n'importe quel écrivain...car Jonathan Franzen n'est pas le Marc Levy ou le Guillaume Musso US. Rien à voir. Franzen est un vrai grand auteur qui fait de la littérature, n'est-il pas. Accesoirement nous fait savoir un récent reportage d'Arte qui lui était consacré, Franzen est ornithologue et n'hésite pas à enfourcher son 4X4 pour aller étudier les piafs dans le désert de Mojave. Par ailleurs, mr Franzen en a marre qu'on lui pose toujours les mêmes questions sur le 11 septembre 2002.
Au début du XXe, sur la côte est des Etats-Unis, Martin Eden, marin au long cour, costaud, bagarreur traine sa misère de ports en ports jusqu'au jour où sauvant un jeune bourgeois d'une bagarre, il fait son entrée dans une maison bien tenue où il rencontre Ruth, une jolie et frêle demoiselle dont il devient éperdument et secrètement amoureux. A partir de là, il n'a qu'une ambition : la conquérir et pour ce, il décide de parfaire son bagage intellectuel. Partant de très bas, il passe ses journées en bibliothèque et rentré dans sa piaule, il dévore des bouquins de toutes sortes jusqu'au bout de la nuit. Très vite, il se sent la fibre littéraire...il découvre qu'il dispose d'une grande aisance pour l'écriture. Il se met à écrire des poèmes, des nouvelles, des essais en tout genre qu'il expédie à des magazines. Tout est refusé. Pendant ce temps, Ruth finit par lui déclarer son amour mais lui demande de se trouver une situation car jamais ses parents n'accepteront qu'elle se marie avec un fainéant, pauvre et bourlingueur. Mais Martin Eden, croyant en son génie refuse. Il est convaincu que ce qu'il écrie finira par rencontrer le succès. En attendant, il sombre dans la pauvreté, passe des jours sans manger et doit déposer vêtements et vélos au Mont-de-Pieté. Il est rejeté de tous, saus de Brissenden un ami lettré et alcoolique avec qui il passe ses soirées à refaire le monde. Martin Eden s'intéresse aussi à la politique. Anti-système, il n'en reste pas moins anti-socialiste. Martin est nietzchéen.
Lorsque je commence à lire un roman de Philip Roth, je m’attends à m’élever très largement au dessus du niveau de la mer. Le complot contre l’Amérique et surtout pastorale américaine sont de purs chefs d’oeuvre (j’ai moins aimé Portnoy et son complexe, l’un des premiers romans de Roth).
Le roman débute par l’amerrissage d’un hydravion au large de Sukwann Island, une île déserte située au large de l’Alaska. Un père et son fils en sortent et rejoignent l’île en Zodiac munis de leurs bagages. Jim le père a acheté une cabane sur cette île et a décidé d’y vivre en compagnie de Roy, son fils. Les deux hommes s’installent et très vite on comprend que Roy a accepté cette aventure plus ou moins contraint et très vite on comprend aussi que quelque chose ne tourne pas rond dans la tête du père. Et les choses ne se passent pas comme prévues pour les deux Robinson. Seule la pêche semble leur sourire. Pour le reste, le confort est sommaire et l’environnement hostile. Un jour, alors qu’ils sont partis pêcher, un ours vient dévorer quasiment toute leur réserve. Jim est un peu maladroit et Joy le méprise chaque jour un peu plus. L’hiver pointe le bout de son nez et les relations entre les deux hommes se détériorent...jusqu’au drame aussi prévisible qu'inattendu.